L’EDCON (European Ethereum Development Conference) s’est tenue à Paris les 17 et 18 février à l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris – Europe (ESCP). L’événement était organisé par LinkTime avec le support de la Fondation Ethereum mais aussi de l’Asseth (association française à but non lucratif ayant pour objet la promotion et le développement du protocole Ethereum) et de la Chaintech (association française favorisant la visibilité et la synergie des acteurs blockchain francophones).
Les conférences ont couvert la technologie Ethereum dans son ensemble. Les sujets de discussion concernaient, entre autres :
- les bases de la technologie
- la recherche et le développement (mise en place du proof of stake, scalabilité)
- la confidentialité
- le développement des consortiums chains
- les applications développées et déployées sur Ethereum
- la croissance de la communauté.
C’est donc dans la capitale française que les développeurs Ethereum venant du monde entier s’étaient donné rendez-vous. Si les premières conférences étaient focalisées sur le développement du protocole lui-même, de nombreux chefs d’entreprise ont également présenté leurs applications décentralisées, prouvant ainsi que la blockchain d’Ethereum est bien fonctionnelle.
Discours d’introduction :
C’est Pandia Jiang, fondatrice de Link Time, la société chinoise organisant l’événement, qui a entamé la journée de conférence par son discours d’ouverture. Le secrétaire général de l’ESCP Europe, Etienne Desmet, a salué l’esprit d’initiative et d’innovation de la communauté Ethereum et souhaité la bienvenue à tous les membres présents sur le campus parisien, suivi par Alexis Collomb, du CNAM, puis Jean-Christophe Labarre, de RCI. Jérôme de Tychey, Président d’Asseth, a introduit et modéré l’ensemble des interventions.
Première journée :
Vitalik Buterin – Fondateur d’Ethereum – Introduction to Cryptoeconomics
Vitalik a ouvert le bal en introduisant la notion de crypto-économie : il s’agit de construire des systèmes possédant certaines propriétés, où la cryptographie permet de prouver la validité de ces propriétés dans le passé et où l’incitation économique les préserve dans le futur. Il a tout d’abord présenté Bitcoin, basé sur la proof of work, les signatures cryptographiques et la fonction de hachage, puis a élargi les problématiques autour du maintien d’une blockchain, afin de suggérer le proof of stake comme une méthode mieux adaptée.
Les slides de la présentation de Vitalik Buterin autour du concept de crypto-économie
Vlad Zamfir – Ethereum Core Researcher – Casper
Après ces explications quant au choix futur du proof of stake en ce qui concerne Ethereum, V. Zamfir a donné les caractéristiques de Casper – le système PoS qui sera utilisé dans la version finale du protocole – dans une présentation dense et technique. Justifiant en premier lieu ce choix par son approche – qu’est-ce qu’un protocole “correct par construction” ? – il a présenté les bases du consensus désiré : sécurité, longévité, tolérance aux pannes byzantines, capacité à fonctionner même lorsque tous les noeuds du réseau ne sont pas synchronisés. Le système de proof of stake Casper respecte ces exigences et Vlad Zamfir a démontré la sécurité de ses règles de décision.
Les slides de la présentation de Casper par V. Zamfir
Martin Becze et Alex Beregszaszi – Ethereum Core Researchers – Towards an Extensible Blockchain
Les deux core researchers ont présenté leur vision du futur développement de la blockchain d’Ethereum, inspirée par le manifeste signé par plusieurs chercheurs visant à changer les standards du web (Extensible Web Manifesto). Appliqué à la blockchain d’Ethereum, il s’agit de pouvoir ajouter des capacités de bas niveaux, sécurisées et efficaces, qui réduiront la complexité du système dans son ensemble et donc les bugs d’implémentation. Cependant, ces nouvelles fonctionnalités demanderont des hard forks. Après avoir dressé l’état des lieux de la blockchain et de la machine virtuelle d’Ethereum, les deux chercheurs ont schématisé l’aspect “modulaire” que prendra Ethereum à partir de Metropolis. Ils ont également parlé de l’adoption du langage WebAssembly pour l’EVM et des outils associés (EVM2WASM).
Les slides de la présentation de Martin Becze et Alex Beregszaszi
Yoichi Hirai – Ethereum Core Researcher – Blockchains: the New Home of Formally Verified Software
Dans cette allocution très technique, le chercheur a d’abord présenté les méthodes de vérification formelle d’un software (ex: Coq, Isabelle ou HOL). Ces méthodes sont très fastidieuses (CompCert : 100 000 lignes de Coq et 6 personnes pendant un an). D’où l’idée du “Proof Market” : humains et machines sont en compétition pour gagner des bitcoins. Selon le chercheur, le réseau Ethereum et sa machine virtuelle conviennent parfaitement au déploiement de “proven-correct software“. L’EVM est déjà définie pour Isabelle/HOL, HOL4, et bientôt Coq. Quelques contributions externes ont été soumises et d’autres chercheurs ont également lancé des projets dans le domaine.
Les slides de la présentation de Y. Hirai sur le concept de proven-correct software
Nick Johnson – Ethereum Core Researcher – Distributed Naming with ENS
Présentation de l’Ethereum Name Service, qui sera déployé le 14 mars, dont les fonctions sont :
- la nomination des contrats et des comptes,
- les enregistrements Swarm & IPFS,
- les enregistrements DNS – adresses IP, échangeurs de courrier,
- les attestations d’identité,
- l’entretien des interfaces contractuelles.
Les slides de Nick Johnson au sujet de l’Ethereum Name Service
Martin Holst Swende – Ethereum Core Security Developer – The ‘Shanghai’-attacks
Martin Holst Swende a fait un retour d’expérience en tant que core security developer sur les “attaques de Shangaï”, une série d’attaques effectuées contre le réseau Ethereum entre le 18 septembre et le 11 octobre 2016. Il les a décortiquées au niveau de leur structure, puis du code en montrant du doigt les instructions utilisées, et a présenté les différentes réponses des développeurs (EIPs, Ethereum Improvment Proposals).
La présentation de M. H. Swende sur la série d’attaques contre le réseau Ethereum
Mihai Alisie – Fondateur d’AKASHA/Cofondateur d’Ethereum – AKASHA – The Language of Freedom
Mihai Alisie, co-fondateur d’Ethereum mais aussi de Bitcoin Magazine, a présenté son nouveau projet : un réseau social totalement décentralisé basé sur des fondamentaux tels que la liberté d’expression, l’accès à l’information et le respect de la vie privée. Cette application décentralisée, née de la fusion entre Ethereum et l’IPFS, vise à créer un réseau d’information résistant à la censure de par sa conception. Il a présenté les fonctionnalités de la version alpha sur l’écran géant et incité l’audience à tester et à utiliser Akasha.
Joseph Chow – Développeur Ethereum – Battling the blackhats
Dans la continuité de l’exposé de Martin H. Swende au sujet des attaques récentes essuyées par le réseau, Joseph Chow a utilisé la métaphore militaire pour répondre à une question primordiale : qui est responsable de la sécurité d’un software décentralisé ? Il s’agit bien sûr de sa communauté, et les “troupes” qui luttent contre les blackhats ont reçu leurs instructions :
- présenter le code source de manière claire à la communauté,
- communiquer de façon efficace autour des hypothèses et des attentes qui sont au centre de ce code,
- réduire les efforts de compréhension de la communauté,
- aider à recruter des troupes de “white hats“,
- solliciter l’aide de la communauté pour trouver les bugs,
- utiliser des outils de vérification formelle,
- effectuer de nombreux tests et se focaliser sur le design et l’inspection du code.
Il a également insisté sur les bonnes pratiques en matière de smart-contracts, notamment le fait d’éviter de faire appel à des smart-contracts que l’on n’a pas codés soi-même et de toujours présumer du caractère malicieux d’un smart-contract extérieur.
Les slides de la présentation de Joseph Chow
Heiko Hees – Développeur chez Brainbot/Raiden Network – Trustlines Network (Aka Ripple on Ethereum)
Trustlines Network s’inspire de l’idée originelle de Ripple pour proposer une plateforme globale permettant d’effectuer des paiements mobiles en monnaies pair-à-pair. L’idée est de proposer des services bancaires… tout en se passant des banques. Focalisé sur les facilités d’adoption de la plateforme, notamment pour les non-bancarisés, Trustlines se veut être une application mobile ne nécessitant ni enregistrement préalable, ni carte d’identité, ni compte bancaire ou carte de crédit, et aucun dépôt en monnaie fiat ou en ethers pour être fonctionnelle. Heiko Hees a révélé les grandes lignes des fondations techniques de l’application.
Les slides de la présentation de Trustlines Network par Heiko Hees
Jeff Coleman – Fondateur de Ledger Labs – Counterfactual instantiation: an object oriented approach to fully abstracting state channels
Jeff Coleman a répondu dans cette intervention de haut niveau à la problématique suivante : comment appliquer le modèle du “state channel” à une grande variété de problèmes sans avoir à construire des implémentations individuelles pour chaque application ? La réponse se trouve dans “l’instanciation contrefactuelle”. Le concept assez subtil peut être résumé ainsi : “comment agir comme si ce qui n’est pas encore arrivé était déjà vrai ?”.
- l’idée de base est d’utiliser des incitations pour que les deux parties agissent comme s’il y avait déjà un contrat dans la blockchain, même s’il n’y a pas;
- en élaborant une stratégie générale d’instanciation contrefactuelle des contrats, les parties sont autorisées à ajouter et à changer ce qu’elles veulent.
Les slides de la présentation de Jeff Coleman
Loi Luu – Fondateur de SmartPool – SmartPool : Decentralized Mining Pools for Cryptocurrencies Using Smart Contracts
Après avoir rappelé les base du minage et des coopératives de minage (les fameuses mining pools), puis les problèmes soulevés par la centralisation des mineurs (confiance implicite, menace de censure de certaines transactions, points uniques de défaillance), Loi Luu a présenté sa solution : SmartPool. Il s’agit de remplacer l’opérateur de la mining pool par un smart-contract ! Comment est-ce techniquement faisable ?
- les mineurs soumettent leur shares au smart-contract,
- le smart-contract fait une vérification probabiliste de ces requêtes,
- la triche est pénalisée,
- pour vérifier la preuve de travail, SmartPool n’utilise pas le set complet de données mais seulement sa racine Merkle.
SmartPool se veut totalement décentralisé, sécurisé, efficient et scalable, open-source et à but non-lucratif. Le contrat sera déployé sur le Testnet en mars et sur le Mainnet en mai. En fonction des financements, SmartPool pourrait supporter d’autres cryptodevises.
Les slides de L. Luu – utiliser un smart contract pour organiser une mining-pool
Vitalik, Vlad, Rick, Jae, Peter Czaban – Table ronde autour du Proof-of-Stake
La journée s’est conclue par une table ronde autour de la preuve d’enjeu où les développeurs les plus respectés de la communauté ont donné tout à tour leur approche du protocole.
Deuxième journée :
Christoph Jentzsch – Ethereum Security Researcher/CTO de Slock. It – Ethereum Governance Mechanism
C. Jentzsch est entré au petit matin dans le vif du sujet en abordant la gouvernance du réseau. Mais que gouverne-t-on au juste ?
- le protocole, à travers ses mises à jour (PoS, Sharding, EVM, prix du gas) et ses correctifs d’urgence,
- les applications décentralisées, au niveau de l’infrastructure (ENS, Swarm, smart contracts) et les DAPPs “régulières”, bâties sur le modèle du do it yourself.
Les parties impliquées sont les mineurs, les possesseurs d’ethers (les stakers), les utilisateurs, les traders/spéculateurs, les développeurs du logiciel client et des DAPPs, la Fondation, les chercheurs et les régulateurs. Qui gouverne la blockchain d’Ethereum aujourd’hui ?
- au niveau on-chain : les mineurs, mais aussi les utilisateurs qui décident ou non d’appliquer les mises à jours du protocole,
- au niveau off-chain : les leaders de pensée, la Fondation, les développeurs du logiciel client qui suggèrent et implémentent les EIP, et toujours les mineurs/utilisateurs et spéculateurs.
C. Jentzsch a suggéré plusieurs pistes d’amélioration :
- protéger les droits des minorités,
- éviter les hard forks pour les mises à jour simples du protocole,
- offrir plus de certitude (demande spéciale des entrepreneurs),
- rendre les processus de décision plus rapides,
- inclure toutes les parties concernées.
En conclusion, il a posé la question suivante : le modèle de gouvernance actuel est-il suffisamment efficace pour décider d’une mise à jour du mécanisme de gouvernance ? Il a conseillé de s’appuyer sur l’outil actuel de gouvernance on-chain : les smart contracts !
Les slides de la présentation de C. Jentzsch sur les mécanismes de gouvernance
Aron Fischer – Chercheur chez Ethersphere, Swarm Team – Swarm Development Update: News from the Swarm Testnet and a look to the future
Aron Fischer a dressé l’état des lieux de Swarm, le cloud décentralisé du réseau :
- la version alpha du client et sa documentation sont disponibles depuis novembre 2017,
- 2500 noeuds uniques se sont connectés depuis sa création,
- plus de 130 noeuds se sont connectés simultanément et plus de 200 Go de données ont été téléchargées.
Cependant, l’intégralité du cluster a dû être redéployée par deux fois, à cause d’un usage massif mais aussi de problèmes de performance. A. Fischer a évoqué les applications actuelles (Swarm Explorer, Swarm Photoalbum, tracking ENS, bulletin board) et les prochains développements (intégration FUSE, compatibilité avec Mist, accessibilité via Web3.js). Il a également justifié la mise en place du testnet de Swarm et des outils de monitoring associés.
La présentation d’Aron Fischer, directement disponible sur Swarm
Jae Kwon – Fondateur de Tendermint & Cosmos – Cosmos, the Internet of Blockchains – how to create an network of blockchains for scalability and interoperability
L’objectif du projet Cosmos est de créer un réseau de registres distribués qui résoudra les différents problèmes présents dans les communautés blockchain/cryptodevises.
Le réseau Cosmos se compose de plusieurs blocs parallèles indépendants, appelés zones, alimentées par des protocoles classiques de tolérance aux pannes byzantines comme Tendermint. Certaines zones agissent comme hubs par rapport aux autres et leur permettent d’inter-opérer. L’architecture est une application plus générale du concept des sidechains de Bitcoin utilisant des algorithmes BFT classiques et la preuve d’enjeu plutôt que la preuve de travail.
J. Kwon a rassuré l’assemblée quant à la centralisation du protocole Tendermint (100 validateurs) en donnant quelques chiffres : un blocktime de 3 secondes, un modèle de tolérance aux fautes byzantines pouvant supporter jusqu’à 1/3 d’acteurs malicieux au sein du réseau assorti d’un système de pénalités…
Le whitepaper de Cosmos, le réseau de registres distribués
Dominic Williams – CTO et Chief Cryptographer de String Labs – DFINITY: Building Ethereum’s Crazy Sister Using a Blockchain Nervous System and Advanced Consensus
DFINITY est un cloud décentralisé et intelligent compatible avec Ethereum. Nombreux sont ceux qui pensent que “code is law” : l’approche de Dfinity serait plutôt “artificial intelligence is law“. Les méthodes de finalisation de DFinity pourraient être jusqu’à cinquante fois plus rapides que ce qu’il est possible de faire aujourd’hui.
Primavera De Filippi – Fondatrice de COALA – Distributed Governance in Distributed Architectures
Primavera De Filippi a comme à son habitude pris du recul par rapport aux problématiques de gouvernance d’une blockchain. Son approche créatrice et féminine a réveillé les geeks de l’assemblée grâce à la présence sur scène d’un plantoïde !
Le plantoïde, l’équivalent végétal d’un androïde, est une entité hybride qui existe à la fois dans le monde physique et virtuel, qui se possède, se finance et se reproduit en interagissant avec d’autres entités grâce à la blockchain. Sous sa forme physique, il s’agit d’une sculpture mécanique exposée dans un espace public. Ceux qui la contemplent peuvent «donner un coup de pied ou de nourriture» au plantoïde en envoyant des tokens dans son portefeuille.
Juridiquement parlant, les plantoïdes n’ont pas de statut légal puisque la loi ne reconnaît pas de personnalité aux marchandises ou aux choses. Pourtant, par opposition aux pièces d’art traditionnelles, les plantoïdes ne sont pas achetés ou vendus et ne peuvent pas non plus être considérés comme des objets.
Même s’ils sont autonomes, les plantoïdes exigent l’interaction d’autres espèces pour subsister et se reproduire : la reproduction d’un plantoïde est permise par la participation humaine, coordonnée via des contrats intelligents et la technologie blockchain.
Thomas Bertani – CEO d’Oraclize – The Oraclize Oracle Service: Authenticity Proofs
Le but d’Oraclize est de fournir un support de données pour applications décentralisées, effectuant la connexion entre cryptodevises/blockchains, APIs web et DAPPs.
Gavin Wood – Fondateur de Parity/Cofondateur d’Ethereum – Parity
Gavin a fait le point sur Parity, le client Ethereum le plus léger et le plus rapide, pouvant être intégré directement dans son navigateur.
Sergey Nazarov – SmartContract.com – Smart Oracles: Connecting to High Quality Data and Off-chain Payments
Aujourd’hui, les entreprises fintech doivent interagir avec les banques, qui contrôlent la finance globale, à cause de la complexité des produits proposés et des réglementations. Pour faire entrer les smart contracts dans la compétition, ces derniers se doivent d’être réellement smart. Afin d’obtenir ce niveau de qualité, il est nécessaire :
- d’avoir des inputs de haute qualité provenant des fournisseurs de données,
- d’avoir des outputs en monnaie fiat ou cryptographique offrant un haut niveau de sécurité et d’intimité,
- d’assurer un haut degré de connectivité.
La société propose donc un “smart oracle” permettant aux fournisseurs de données d’interagir avec les smart contracts, en intégrant automatiquement les taux des marchés, les sources de données externes, les autres blockchains publiques ou privées.
Raphaël Mazet – CEO de Alice.si – Pay-for-success : Philanthropy Using Stablecoins and Smart Contracts
La confiance du public vis-à-vis des organisation caritatives est actuellement extrêmement basse à cause d’un manque global de transparence. Le but de Alice.si est de combler ce manque en fournissant une plate-forme de donation hyper-transparente offrant des garanties sur l’impact concret de l’argent envoyé par les donateurs. La plateforme se base bien évidemment sur le réseau Ethereum mais aussi sur StableCoin.
Dr. Gilles Fedak – Chercheur à l’INRIA/Cofondateur de iEx.ec – The iEx.ec Distributed Cloud: Latest Developments and Perpectives
Le projet iEx.ec intéresse particulièrement BitConseil et vous en saurez plus dans les semaines à venir. A l’origine de la technologie, le desktop-grid computing. L’objectif : créer un cloud décentralisé peu coûteux, sécurisé et scalable. La blockchain d’Ethereum offre au marché global des computing resources transparence, traçabilité et sécurité. Les utilisateurs ou les applications pourront donc accéder à ces ressources (proposées via des smart contracts) directement à partir de la blockchain. Les applications concernées par le cloud distribué d’iEx.ec vont des DAPPs (qui peuvent nécessiter des ressources informatiques off-chain) au Big Data, en passant par le HPC (High Performance Computing, concerne les simulations, le rendu 3D, la recherche biomédicale, l’analyse, le machine learning, la finance etc…).
Le cloud est constitué de serveurs de données distribués, de fermes de minage par GPU, le tout optimisé grâce à une gestion intelligente des ressources énergétiques (par exemple en redistribuant l’énergie thermique générée par le fonctionnement des serveurs et des mineurs).
Les slides de la présentation d’iExec : Blockchain-based Fully Distributed Cloud Computing
William Mougayar – Auteur, Conseiller & General Partner de Virtual Capital Ventures – Best Practices in ICOs
L’allocution de W. Mougayar fut très appréciée par le public, que ce soit pour sa vision globale ou ses pointes d’humour. Il a dressé le bilan de l’écosystème Ethereum :
- plus de 20 000 développeurs participent au réseau,
- la Fondation à l’origine du protocole a attiré de nombreux acteurs (apporteurs de fonds, utilisateurs institutionnels, startups, acteurs économiques, contributeurs et partisans);
- le secteur des crypto-technologies était occupé en 2015 à 80 % par Bitcoin; aujourd’hui, Ethereum est partout,
- tout comme le Boeing 787, Ethereum est assemblé de manière globale et décentralisée,
- l’écosystème nécessite désormais une taxonomie adaptée, W. Mougayar a donc créé le site EthereumAll,
- en 2016, les ICOs s’élevaient au nombre de 64 et totalisaient une somme de 103 millions de dollars (en excluant The DAO).
W. Mougayar a livré quelques prédictions pour 2017 :
- 80 % des ICOs se feront via Ethereum,
- le rythme des ICOs s’accélèrera : 300 ICOs et 600 M$ en 2017 ?
- la capitalisation globale d’Ethereum pourrait atteindre les 5-10 milliards de dollars.
Pistes d’amélioration :
- meilleure communication et marketing,
- plus d’applications grand public,
- meilleures APIs et middleware,
- création de standards,
- éviter la hype inutile autour des ICOs.
Les slides de sa présentation de l’état des lieux de l’écosystème Ethereum
Henri Pihkala – CEO de Streamr
H. Pihkala a présenté Streamr, qui permet de créer très facilement des applications en temps réel basées sur Ethereum. Sa démonstration impressionnante a confirmé la facilité avec laquelle l’interface graphique de Streamr permet de créer ces DAPPs : en quelques minutes, il a pris pour exemple une application qui collecte les données sur le trafic des tramways d’Oslo et qui paie en cryptomonnaies les conducteurs. Cet exemple basique a permis à l’assemblée de saisir la pertinence de l’interface basée sur le “drag and drop” et l’aisance avec laquelle des sources de données externes peuvent être connectées aux smart contracts.
Patrick Dai – Cofondateur de Qtum – How Qtum Makes Ethereum Contracts Run on the UTXO Model
Egalement présent la veille à la Maison du Bitcoin, P. Dai a expliqué le principe de Qtum. Il s’agit d’une technologie hybride entre Bitcoin et Ethereum : c’est à la fois un protocole de transfert de valeur mais aussi une plateforme pour DAPPs. P. Dai a justifié ce choix de création d’une nouvelle blockchain par l’inaptitude des protocoles existants à fournir un système de KYC ou plus généralement à se plier aux exigences législatives, ce qui freine les entrepreneurs. Il a également évoqué les problèmes engendrés par la preuve de travail et notamment la flexibilité du consensus. Ainsi, la blockchain de QTum suivra le modèle UTXO de Bitcoin mais en se basant sur la preuve d’enjeu. Il s’agit d’une approche business oriented : QTum offrira de nombreux modules optionnels (par exemple un module “identité”) et sera compatible avec Bitcoin et Ethereum; il utilisera l’EVM et supportera sa prochaine version (intégration de Wasm).
Dmitry Khovratovich – Université du Luxembourg, Chercheur chez ABDK Consulting – Secure Token Development and Deployment
La présentation de D. Khovratovich était axée sur la sécurisation d’un token en vue d’une ICO.
- le standard ERC-20 a été adopté depuis fin 2015,
- de nombreuses entreprises lèvent des fonds grâce aux ICOs : les utilisateurs déposent de l’argent via un web-service dédié, l’investissement total est converti en un nombre fixé de tokens et le smart contract est alors déployé, donnant à chaque investisseur une part des tokens.
La sécurisation du processus et la maintenance du contrat est donc d’une importance vitale. Les menaces principales sont la perte de tokens due à un disfonctionnement du contrat et son inaccessibilité pour les contrats externes, due à des erreurs de programmation. Les vulnérabilités des smart contracts proviennent donc d’un code peu fiable ou d’une interface peu ergonomique qui incite à l’erreur. Il a donné quelques exemples en Solidity (la fonction approve(), problèmes d’overflow, etc…) et livré son approche des problèmes soulevés :
- clarification des exigences et du comportement du smart-contract,
- mise en place de tests élaborés,
- compatibilité ERC-20 et prévisibilité du comportement,
- interface utilisateur dédiée pour le déploiement et l’administration du contrat (fluide et graphique, elle peut se lancer depuis un navigateur).
Johanas Pfeffer – Data Scientist de ConsenSys – EthOn: Introducing Semantic Ethereum
Le projet EthOn a pour but de fournir une ontologie de l’écosystème Ethereum : elle se veut intuitive et claire. Les termes sont en relation les uns avec les autres et les définitions concises. Les bénéfices :
- la “dumb data” devient de la smart data (un ensemble de données référencé selon les termes d’EthOn s’explique de lui-même),
- EthON fournit un glossaire extensif et généré automatiquement,
- la communication entre développeurs, techniciens et non-techniciens sera améliorée par l’apport de termes qui ne sont pas ambigus,
- EthOn est également une ressource pour apprendre le fonctionnement d’Ethereum
- EthOn fournit un moyen de décrire formellement les artefacts d’Ethereum dans un format lisible par une machine
- EthOn permet d’annoter le contenu provenant des outils Ethereum et des DAPPs.
Stephan Karpischek – Fondateur et Directeur d’Etherisc – Decentralized Insurance Applications
Etherisc fournit des applications dans le domaine des assurances décentralisées. S. Karpischek a cité FDS qui permet d’assurer un voyageur contre les retards de ses vols, la première DAPP du genre à avoir été déployée sur la blockchain d’Ethereum en septembre 2016. Etherisc va plus loin : c’est un marché décentralisé de l’assurance dont les applications peuvent s’étendre jusqu’à la sécurité sociale, par exemple.
Les slides de la présentation du concept de contrat d’assurance sur la blockchain Ethereum
Quentin de Beauchesne et Clément Bergé-Lefranc – Cofondateurs de Ledgys.net – Ledgys Data Network : A Decentralized Data Marketplace
Les deux associés ont focalisé leur présentation sur le projet ÐDaM (Ðistributed Data Markets). L’objectif de ÐDaM est de créer des marchés de données décentralisés, où chacun a le choix de vendre ou non ses données. Le réseau est basé sur la blockchain Ethereum ainsi que sur le système de stockage décentralisé SWARM. Le cas concret présenté fut celui des données médicales.
Mona El Isa – CEO de Melonport – How and Why Melonport is Using Smart Contracts on Ethereum to Tackle the Problems Facing the Hedge Fund Industry Today (with Prototype)
Melonport propose une infrastructure dédiée au management d’investissements en cryptodevises. Après avoir fait l’état des lieux du secteur et comparé les actifs numériques provenant des crypto-technologies avec les actifs de la finance traditionnelle, Mona El Isa a présenté le protocole qui permet :
- de mettre en place une structure décentralisée de gestion des fonds
- de gérer ces fonds selon sa propre sélection
- de construire un historique transparent et fiable
- d’investir dans d’autres fonds ou d’autoriser des tierces parties à investir dans le sien.
Elle a également dévoilé l’interface utilisateur.
Les slides de la présentation de Melonport
Nick Dodson – Fondateur et Lead Developer de Weifund et Boardroom – BoardRoom
La mission de BoardRoom est de rendre la gouvernance des smart-contracts générique et accessible à tous. Grâce à deux interfaces, l’une concernant le smart-contract lui-même et l’autre ses règles, BoardRoom permet de gérer tout cela et assure composabilité, simplicité, modularité, parcimonie, transparence, persistance, robustesse, facilité d’assemblage…
Les slides de la présentation de Boardroom sur le protocole ARES
Hadrien Charlanes et Vincent Eli – CEO et CTO de StabL – Introducing StabL’s Trading Platform
Face à la volatilité d’une cryptodevise comme l’Ether, StabL propose de créer des tokens et des produits dérivés… stables comme son nom l’indique, mais toujours sur la blockchain Ethereum. Les associés ont présenté leur plateforme de trading.
La présentation en vidéo de la plateforme StabL
Nicolas Bacca – CTO de Ledger – Next Generation Hardware Wallets – Interacting with Smart Contracts from Secure Hardware
On ne présente plus Ledger, entreprise française présente dans le secteur des hardware wallets depuis plusieurs années. Après avoir rappelé brièvement la technologie qui est derrière Ledger, Nicolas Bacca a précisé comment leur nouvelle génération de hardware wallets permet d’interagir avec les smart contracts de façon sécurisée.
La présentation de Ledger sur l’apport des hardware wallets aux smart contracts
Griff Green – Fondateur de Giveth – Smart Contracts and Incentivizing Results
La plateforme Giveth a pour ambition de révolutionner le monde de la donation. Grâce aux smart contracts, Giveth propose un système beaucoup plus transparent et responsable. La présentation de G. Green, à travers l’exemple amusant d’une jeune femme amoureuse des chats mais sans ressources autres que le temps et l’énergie, a mis en lumière tous les défauts des systèmes actuels du charity business. Une allocution pleine d’enthousiasme qui a ouvert des perspectives optimistes et confirmé que la communauté Ethereum est généreuse et tente d’oeuvrer dans l’intérêt général.
Anuj Das Gupta et Richard Caetano – CEO & Head of Research, Stratumn – Going Beyond Decentralized Networks with Prover Verifier System
Stratumn est une entreprise française proposant un nouveau modèle de sécurisation des processus métiers basés sur la blockchain : le Proof of Process. Le modèle a été présenté comme un transition de l’architecture classique client/serveur vers une structure Prover/Verifier.
Les slides de la présentation des proof systems
Vaughn McKenzie – Fondateur de JAAK – META
JAAK est une entreprise qui connecte médias, métadonnées et droits d’auteurs. V. McKenzie a introduit META, un réseau décentralisé basé sur Ethereum et Swarm. META permettra aux organisations de capturer, stocker, vérifier et communiquer les métadonnées commerciales.
Discours de clôture :
Jérôme de Tychey – Président d’Asseth – Discours de clôture
Le Président de l’association française Asseth a remercié les intervenants et le public, et enjoint toute l’assemblée à venir fêter la réussite de l’événement autour de quelques verres ou mignardises.
Quelques photos de la communauté Ethereum :
Par Lamine Diallo, photographe indépendant.
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