Voici un article publié à l’origine sur NXTER.ORG qui vient utilement compléter notre série sur la folle levée de fonds de NXT. Il s’agit du témoignage de Ludom, un fin connaisseur de NXT, qui nous livre les raisons pour lesquelles il en est venu à s’intéresser à ce projet. Voici son histoire.
Cela fait un petit moment que je n’ai plus écrit d’article sur NXTER.ORG. Mon travail quotidien me prend beaucoup de temps et j’ai pris un peu de distance avec les cryptos. Mais je reste un observateur attentif de l’écosystème de Nxt.
Ainsi, à l’occasion de la refonte du site NXTER.ORG et pour les deux ans de Nxt, je me suis dit que c’était l’occasion de reprendre la plume. Je souhaite écrire trois articles destinés aux nouveaux Nxters. Comme vétéran de la plateforme, je pense pouvoir apporter un éclairage intéressant pour les curieux, les investisseurs et les entrepreneurs. Mon témoignage n’est pas exhaustif et encore moins objectif. Ces articles reflètent ma vision de Nxt d’un point de vue forcément subjectif.
Je commencerai par un article qui fera un rapide tour d’horizon de la « courte » histoire de Nxt, puis les raisons qui me font croire dans le succès de la plateforme et, pour finir, je développerai mes souhaits et ma vision pour l’avenir.
Nxt – deux ans déjà
La gestation
Tout a commencé le 28 septembre 2013, un certain BCNext a annoncé un nouveau projet sur le forum Bitcoin talk. Je ne vais pas entrer dans le détail des prémices du projet Nxt car je ne les ai pas vécus personnellement. Il n’empêche que les échanges de cette époque sont très intéressants : il y avait déjà des trolls et il y avait déjà quelques réflexions très intéressantes.
Forcément, on se demande souvent qui est derrière ce personnage mystérieux de BCNext. Pour ma part, je m’en fiche complètement, même si je ne peux m’empêcher d’imaginer son identité. Selon moi, il s’agit d’un très petit groupe de personnes qui ont lancé le projet. Je soupçonne Jean-Luc (l’actuel développeur en chef de Nxt) et Come-from-Beyond de faire partie de ce petit groupe. Leur implication très précoce et« sans conditions » (ou presque) dans le projet me le laisse à penser… mais en réalité je n’en sais rien.
Après une souscription de plus de 40 jours, BCNext (par la voix de Come-from-Beyond) annonce que 21 BTC ont été souscrit par une septantaine d’investisseurs anonymes. Que l’on soit clair, la souscription ne cherchait pas à lever beaucoup d’argent. L’objectif était de justifier une distribution initiale. De plus, nous n’avons aucune preuve que ces investisseurs étaient aussi nombreux qu’annoncés, certains ayant pu souscrire plusieurs fois. Mais quelle importance ? Selon moi, BCNext n’a pas de compte à rendre et son choix de distribution ne regarde que lui. Nxt devait être une blockchain 100% Proof-of-Stake, la distribution devait donc se faire dès le premier bloc.
Cet élément est essentiel car le programme Nxt, dans son code, ne permet pas une distribution sur la durée des jetons NXT. Ceux-ci sont créés de manière exclusive dans le premier block, toute génération de jetons supplémentaires est impossible. Souvent montré du doigt, cette spécificité est en réalité l’une des plus grandes forces de Nxt à mes yeux.
Quoi qu’il en soit, tout a commencé le 24 novembre 2013 lorsque le bloc de genèse (le premier bloc de Nxt) a été généré.
Les premiers pas
Très rapidement, Nxt est devenu très populaire. Il s’agissait d’un projet unique en son genre : 100% proof-of-stake et un code totalement nouveau. A cette époque, les BTC avaient fait une envolée pour atteindre 1000$ l’unité. Les crypto-enthousiastes avaient généralement gagné de l’argent (tout comme moi d’ailleurs). Mais « l’exclusivité de Bitcoin » posait problème à beaucoup. Les altcoins fleurissaient apportant chacun son lot de nouveautés plus ou moins intéressantes. Le marché était très liquide et des investisseurs éclairés (ou chanceux) ou des manipulateurs de marché pouvaient se faire de l’argent facilement.
Nxt ne faisait pas exception, mais la dynamique était différente de toutes les copies de Bitcoin qui fleurissaient à ce moment. La communauté Nxt se cristallisait autour d’un fil de discussion très populaire (son nombre de page en témoigne) sur BitcoinTalk.
Les discussions me semblaient plus « élevées » que dans d’autres fils de discussion qui s’intéressaient à d’autres projets.
Il y avait aussi un forum qui a disparu : nextcoin.com. Il avait été créé par Graviton qui dirigeait le premier site d’échange BTC/NXT, dgex.com, qui va bientôt disparaitre également. C’est là que j’ai acheté mes premiers NXT en décembre 2013.
Pour ma part, j’ai été très naturellement attiré par Nxt qui résolvait à mes yeux un problème critique de Bitcoin et des altcoins : le minage et son gaspillage de ressources. De plus, le projet de BCNext était de créer une plateforme et non une cryptomonnaie. Je me suis donc mis à suivre attentivement le fil de discussion. Et j’ai été séduit. Il faut dire que Nxt était le premier projet de crypto 2.0 et cela avait attiré tous les curieux. Ceux qui attendaient plus des cryptos et de l’attentisme de Bitcoin…
J’avais l’impression que les échanges y étaient de qualité. On y discutait de toutes sortes de sujet et les discussions esquissaient déjà toutes les potentialités offertes par une plateforme, une crypto 2.0.
Pendant plus de 4 mois, ce fil de discussion était le point d’échange de toute une communauté. A ce moment déjà, des personnalités émergeaient au côté des « pionniers » Jean-Luc et Come-from-Beyond : jl777, CIYAM, Damelon, allwelder, Salsacz, farl4web, 2Kool4Skewl…
J’en oublie certainement. Certains sont partis, d’autres sont toujours là. Mais une certaine forme de cohésion dans la communauté s’est créée. Mais ce fil unique de discussion était peu commode et la communauté souhaitait migrer vers un nouveau lieu d’échange. Le forum nextcoin.com n’était pas commode car contrôlé par Graviton qui possédait le principal site d’échange NXT<->BTC. Des personnalités charismatiques de Nxt ont donc pris les choses en main et nous avons migré sur nxtforum.org.
Peu avant cela, le code de Nxt a été publié dans sa totalité. Le projet devenait ainsi Open Source.
L’indépendance
S’affranchissant du forum bitcointalk, la communauté a poursuivi ses échanges dynamiques. La transition s’est très bien passée et l’utilisation d’un forum propre a permis d’enrichir les échanges. La communauté passait clairement à la vitesse supérieure. La version 1.0 de Nxt est arrivée et certains projets commençaient à se structurer. Je pense également que c’est durant cette période que la cohésion de la communauté s’est établie.
A mes yeux, Nxt n’était pas encore mûr mais prometteur. La mentalité des gens était encore très marquée par le modèle Bitcoin. Beaucoup de Nxters n’étaient que des spéculateurs et ne voyaient les jetons NXT comme une « nouvelle monnaie du futur ». Mais l’idée des implications « économiques » d’une cryptoplatforme plutôt qu’une cryptomonnaie commençait déjà à infuser. Projets, culture de la communauté, tout était à l’état embryonnaire.
Le marché des actifs
C’est dans ce bouillon favorable qu’est arrivé l’Asset Exchange (le marché des actifs). Ce fut un succès immédiat. Certains membres de la communauté avaient compris tout le potentiel de cette nouveauté. L’un des premiers fut jl777 (James). Les projets qu’il ruminait depuis les prémices de Nxt pouvaient enfin se mettre en place. James prétend être « un simple programmeur » mais ses projets dépassaient la simple innovation technologique. Fin trader, il était le seul qui avait compris comment mettre en place une structure financière complexe de manière décentralisée sur Nxt, ses modèles sont les Keiretsu japonaises. Il a créé un grand nombre d’actifs liés à ses projets : MGW (multigateway, un système semi-décentralisé pour faire le pont entre Bitcoin et ses clones), InstantDEX (un système de trading décentralisé). Il a exploré également d’autres types d’actifs qui ne sont pas liés à des projets : jl777hodl (un actif portfolio), Nxtventure (un actif qui distribue des dividendes sous forme d’autres actifs). En entrecroisant ses actifs, son système financier n’a pas arrêté de se complexifier (James s’est tout de même passablement calmé depuis qu’il a lancé le projet SuperNET). Pour apprécier tout ça, une image vaut mieux que des mots :
Il faut dire que James jouait un petit peu à l’apprenti sorcier (et c’est toujours le cas). Nous l’étions tous un petit peu, j’ai moi-même lancé des actifs (MIC ou pvhistoire) ; ne les cherchez pas, ils n’ont plus de valeur. Mais l’euphorie a permis de dynamiser le marché. Le succès était très important. Nxt était la première plateforme de ce genre.
Il y a eu, bien entendu, des arnaques. Mais la plus grande de cette époque était celle de CoinTropolis. Il s’agissait d’un beau parleur qui était parvenu à prendre une forme de leadership dans la promotion de Nxt. Dans la plus pure tradition du vendeur de bagnole, il s’est appliqué à faire monter la sauce et il a créé un enthousiasme autour de Nxt en promettant des « nouvelles grandioses ». Son action, avec le succès de l’Asset Exchange combiné, a fait atteindre un sommet dans la valorisation des NXT lors du salon PayExpo 2014 à Londres. Mais ses promesses n’étaient que du vent, il n’était qu’un spéculateur malhonnête et sans scrupules. Non content de faire du profit sur les cours du NXT, il en a également profité pour lever des fonds avec un actif. Il a même réussi à voler des Bitcoins à un membre de la communauté Nxt qu’il avait mis en confiance à Londres. Le loustic a bien entendu disparu de la circulation peu de temps après.
Cette période qui s’étend de la fin du printemps à l’été 2014 était un vrai El Dorado. Les volumes d’échanges sur Nxt étaient très élevés. Pour ma part, j’en ai profité pour faire fructifier mes petites économies. Étant une personne bien informée, et sans doute l’une des rares à comprendre le fonctionnement des actifs de James, je faisais régulièrement de bonnes affaires. J’ai eu la chance de ne tomber dans aucune arnaque, parfois par flair mais souvent par chance.
Un retour à la normale
Petit à petit, l’euphorie s’est modérée. Le succès de l’Asset Exchange se confirmait. Les volumes restaient élevés. De plus, la communauté commençait à comprendre le fonctionnement des nouveaux outils à sa disposition et des implications dans le fonctionnement même de l’écosystème de Nxt. La relative folie fit place à une toute aussi relative sagesse.
Il est difficile de résumer cette longue période qui couvre la deuxième moitié de 2014. Il s’est passé de nombreux événements intéressants et je vais en exposer quelques-uns particulièrement intéressants ou caractéristiques.
Le principal site d’échange de cette époque était bter.com. Ces derniers se sont fait voler 51 millions de NXT pendant le mois d’août. Cet événement qui tient plus du roman policier bizarroïde mériterait un article à lui tout seul. Mais l’élément le plus marquant fut la mise à l’épreuve de la communauté Nxt. Jean-Luc avait alors proposé à la communauté d’effacer les transactions de ce vol par un « roll back ». Les Nxters qui le souhaitaient pouvaient faire tourner une version alternative du NRS (le programme de Nxt) qui réorganiserait les blocks et annulerait la transaction du vol. Le débat fut mouvementé. Beaucoup de Nxters possédaient des NXT sur bter.com et risquaient de perdre beaucoup. Mais finalement, après réflexion, peu de Nxters ont adopté le NRS alternatif. Le roll back n’a pas eu lieu et la crédibilité de Nxt n’a pas été mise en danger et la communauté s’en est retrouvée renforcée. Bter.com n’avait plus qu’à s’en prendre à eux-mêmes et à leur incompétence. Ils ont subit depuis un autre hack, ils n’ont rien appris…
La faiblesse d’un site d’échange centralisé comme bter.com a ouvert les yeux de la communauté. Cela tombait bien car au même moment James finalisait le premier système d’échange semi-décentralisé : le multigateway. Il était à présent possible d’échanger ses NXT avec des BTC directement à l’intérieur de la plateforme. Seule les dépôts et les retraits nécessitent un traitement externe (effectués par trois serveurs indépendants). Une révolution !
Ce multigateway, bien qu’en version beta, était le premier projet fonctionnel qui utilisait intimement la plateforme Nxt. Il légitimait James comme quelqu’un qui tenait ses promesses. Et dans le courant de l’automne, James lança son grand projet : SuperNET. Celui-ci avait des ambitions nouvelles, tout en poursuivant ses projets déjà planifiés. Pour faire simple, SuperNET permettait à James d’unifier tous ses projets (et actifs) sous un seul drapeau, tout en élargissant la collaboration avec d’autres projets et d’autres blockchaines. Car oui, James a brisé un véritable tabou à l’époque en proposant l’idée de faire collaborer plusieurs communautés, défendant des cryptomonnaies différentes. Il a levé à cette occasion près de 5800 BTC.
Dans le courant de 2015, les développeurs de Nxt n’ont pas chômés non plus. Le premier marché décentralisé de l’histoire a été lancé. La place de marché de Nxt (Marketplace) n’a connu qu’un succès mitigé. La communauté n’étant pas assez vaste, les vendeurs hésitent à proposer leurs produits sur la plateforme. Je pense que cette fonctionnalité extraordinaire est venue trop tôt pour connaitre le succès qu’elle aurait mérité.
La traversée du désert
L’année 2015 fut une année difficile pour le secteur des cryptomonnaies, Nxt ne fait pas exception. Le prix des jetons NXT n’a pas cessé de baisser. Au début de l’année, le prix symbolique des 5000 satoshi est franchi. Puis, c’est la lente et irrémédiable descente jusqu’à 2500 à l’heure où j’écris. Dans le courant de l’année, Nxt est éjecté du top 10 du marketcap des cryptomonnaies. Nxt n’est à présent plus la seule plateforme crypto 2.0. Le temps du hype est passé.
Je dis souvent que le prix des jetons NXT importe peu, mais il faut admettre que cela inquiète tout de même. Cela a eu également un effet sur la communauté qui a dû s’habituer à une baisse constante de leurs investissements. L’enthousiasme de la première année est retombé.
Plus inquiétant à mes yeux, le nombre de transactions qui n’avait pas cessé d’augmenter en 2014 a irrémédiablement chuté en 2015. Passant d’une moyenne de 6000 transactions par jour début 2015 à environ 1500 ces derniers jours. Mon indicateur préféré est formel : Nxt est moins utilisée en 2015 qu’en 2014…
Cette situation s’explique par une diminution de l’utilisation de l’Asset Exchange. Les bonnes occasions de trader deviennent plus rares. Les actifs changent moins souvent de main. Mais l’Asset Exchange n’a pas perdu de son utilisation pour les levées de fonds. Le nombre de NXT utilisés dans le système reste stable : 1 million de NXT par jour en moyenne. Mais les NXT ont perdu de la valeur en même temps… donc difficile de trancher.
Selon moi, beaucoup de spéculateurs ont quitté Nxt dans le courant de 2015. Leur activité expliquait les nombreuses transactions de 2014. A présent, il ne reste plus que les investisseurs, ceux qui s’intéressent au long terme. D’ailleurs, la tendance de l’Asset Exchange semble se diriger vers des actifs offrant des dividendes plutôt que des actifs spéculatifs. D’ailleurs, c’est en 2015 que de plus en plus d’actifs sérieux reversent des dividendes substantiels à leur propriétaires.
J’aime beaucoup parler « d’une traversée du désert » car elle induit une expérience forte et transformatrice. Et lorsque l’on survit au désert, on en ressort généralement plus fort.
Car durant l’année 2015, Nxt n’a pas cessé d’avancer. L’équipe de développeurs n’est pas resté les bras croisés : le système monétaire en janvier, le système de vote en juin. Bien entendu, ces deux fonctionnalités n’ont pas connu le même succès que l’Asset Exchange mais Nxt a ajouté constamment de nouvelles cordes à son arc. Le travail des développeurs est primordial même si les résultats ne sont pas toujours immédiatement visibles.
D’autres développeurs externes ont également travaillé constamment pour SuperNET ou d’autres projets. Je n’ai fait aucun recensement mais j’ai l’impression que le nombre de développeurs qui travaillent autour de Nxt a légèrement augmentée durant l’année. De plus, de nouveaux entrepreneurs se sont joints à la communauté.
Le projet SuperNET n’est pas totalement étranger à ce nouvel afflux. Le projet de James a attiré des développeurs et a permis à certains membres de la communauté de trouver une place « productive ». D’ailleurs, la communauté Nxt a très largement rejoint le slack de SuperNET qui est à présent, au côté de nxtforum.org, l’un des principaux moyens d’échange de la communauté.
Je n’irais pas jusqu’à dire que l’année 2015 a été bénéfique pour Nxt mais je constate que la plateforme s’en sort plutôt bien. La communauté s’en est tout cas retrouvée transformée.
Vers une nouvelle ère ?
Je vais m’arrêter ici dans le court historique de Nxt. J’ai été succinct, j’ai omis ou oublié plein d’éléments qui auraient été digne d’intérêt. Mais je souhaitais donner à mon article que les grandes lignes de l’histoire Nxt. Pour plus de précisions, n’hésitez pas à explorer les liens que je donne dans cet article ou ceux de chronologie de nxt.org.
Il est difficile de dire si la traversée du désert est terminée, mais j’ai le sentiment que la situation change. Plusieurs signes le laissent supposer : la morosité du marché des cryptos semble prendre fin ces derniers jours avec la montée du BTC ; la communauté Nxt est parvenue à rassembler 10 million de NXT pour le projet Tennessee ; SuperNET pourrait arriver d’ici la fin de l’année avec une version plus complète ; on attend la version 1.7 du NRS pour décembre.
Dans le prochain article, j’expliquerai pourquoi je garde confiance en Nxt pour le futur.
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